Le pot de départ doux amer de Stéphane Gatignon, ancien maire de Sevran (93)

Vendredi 6 avril, Stéphane Gatignon organisait son pot de départ de la mairie de Sevran (93), après sa démission soudaine (cf. TIF 1335-1336). Un pot "convivial" mais forcément un peu triste et désabusé… "Cela fait un peu plus de 17 ans que j’ai été élu maire. […] J’aime bien Cervantes, mais là c’était Don Quichotte contre les moulins à vent…", a résumé l'édile écologiste sur scène, entouré de son équipe d’élus et d’agents municipaux, mais aussi de nombreux autres élus aussi émus que consternés. Après les - très chaleureux - remerciements d’usage, à toute l’équipe municipale, à l’administration, à "tout le monde", et aux clubs sportifs à qui il a rendu un hommage vibrant ("le club de foot c’est le lieu où les gosses apprennent à jouer mais aussi à vivre ensemble"), Stéphane Gatignon a évoqué ses combats pour "la banlieue où il y a des forces incroyables, où se trouve la France de demain" ; sa grève de la faim devant l’Assemblée, l’obtention de deux gares du Grand Paris Express sur Sevran, son projet de vague de surf "Terres d’eau", la friche Kodak "rendue à la nature"

De nombreux jeunes, ceux des équipes de foot et autres clubs sportifs sevranais, faisaient partie des invités. "Il faut commencer par l’éducation, le sport, la culture", a martelé Stéphane Gatignon, avant d’exprimer ses attentes devant le prochain rapport Borloo, rédigé à la suite des Etats généraux de la ville menés aux côtés des maires de Grigny (91), de Chanteloup-les-Vignes (78) et d’autres. "On a plein de choses à faire dans ce territoire et tous les élus doivent se battre. Il faut s’accrocher". "Certains me disent 'tu nous quittes, tu nous abandonnes'. Non ! Mais pour faire tout cela, il faut se lever avec la niaque. Et je ne l’ai plus…"

Et Philippe Rio, maire (PCF) de Grigny - et urbaniste de profession -, d'enfoncer le clou : "nous sommes plusieurs maires de banlieue à nous poser la question de faire ou pas. Nous sommes devenus les urgentistes de la République. On a de l’espoir mais on ne veut plus d’un énième plan banlieue, on veut de l’éducation, de l’emploi, plus de sécurité et de justice. 80 % du territoire de Grigny est en zone de sécurité prioritaire (ZSP), mais nous n’avons pas de commissariat ! A Sevran, ils avaient autrefois 113 policiers, il n’y en a plus que 80. Face au trafic de drogue et au radicalisme !"
Dans le bilan de mandat que le désormais ex-maire a fait distribuer pendant le pot, figure une double page intitulée "Gatignon en vingt-six lettres". A la lettre P, comme Politique, il écrit : "je pars avant d’être amer". (AF)