CDG Express : les sénateurs CRC demandent l'abandon du projet

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Les sénatrices et sénateurs du groupe communiste, républicain et citoyen (CRC) ont déposé, le 11 mai, une proposition de loi visant à abroger le texte de décembre 2016 autorisant la création de la ligne Charles-de-Gaulle Express. Parmi les motifs exposés, la tarification particulière du projet, établie à 24 €, qui "se place hors Pass Navigo", sachant que "les salariés de la plateforme aéroportuaire ne pourront pas non plus utiliser cette infrastructure avec leur titre de transport". "Il ne constitue donc pas un élément du service public de transport collectif en ne s’adressant qu’aux hommes d’affaires et aux touristes fortunés". Les sénateurs CRC dénoncent également "le coût exorbitant au regard de l’utilité de cette infrastructure, redondante avec d’autres projets liés au Grand Paris Express" (la ligne 17 du GPE reliera l’aéroport au tarif du Pass Navigo). Pour rappel, l’enveloppe dédiée au CDG Express s’élève à 1,6 Md€, alors que "les importants dévoiements de réseau de gaz à Mitry-Mory, n’ont pas été intégrés".

En outre, le projet, "qui utiliserait 24 kilomètres sur 32 d’infrastructures existantes", renforcerait la saturation du réseau : "le Stif a ainsi estimé à 1,5 Md€ la perte de ponctualité sur les autres modes de transports. Car à l’évidence, l’arrivée du CDG Express perturbera non seulement le RER B, mais également la ligne K et P, le TER Picardie ainsi que le fret ferroviaire". La priorité, selon les sénateurs CRC, est l’amélioration "[d]es conditions de circulation du RER B, du Transilien et des TER".
Ils s’inquiètent, en outres,  des "impacts environnementaux" : 29 hectares de terrains agricoles devront être détruits pour la construction de 8 km de ligne. "L’autorité environnementale a d’ailleurs considéré que ce projet était incohérent et non conforme au code de l’environnement", indiquent les auteurs. Ces derniers émettent aussi des doutes sur le financement de l’infrastructure : "la loi Macron prévoyait un financement privé, justifié par le fait que ce projet ne relève pas de l’intérêt général. Or, dans le montage qui nous est proposé, on trouve partout de l’argent public notamment dans le cadre du pacte d’actionnaire proposé" (SNCF Réseau, ADP et la CDC notamment). 

Un projet "anti-démocratique"
"A la lumière de ces explications, il ressort que ce projet rompt avec la notion de service public" en créant notamment une offre à deux vitesses, qui privilégie les "clients fortunés" et exclut les "habitants de banlieue et des quartiers populaires". 
Rappelons que la loi Macron, adoptée par le recours au 49–3, a autorisé le gouvernement à prendre par ordonnance toute mesure relative à la création de cette liaison ferroviaire. Que l’ordonnance en question avait fait l’objet d’une ratification, adoptée et promulguée le 28 décembre 2016, suivie par un arrêté inter-préfectoral de déclaration d’utilité publique modificative signé le 31 mars 2017. Une méthode "anti-démocratique" selon les sénateurs du groupe CRC.

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