Emmanuel Macron rassure le secteur du bâtiment

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Devant plus de 4 000 professionnels du bâtiment, réunis vendredi 6 octobre par la FFB, le président de la République a distillé quelques mesures de nature à apaiser un secteur inquiet des dispositions du projet de loi de finances pour 2018. Principales décisions, la prolongation du prêt à taux zéro dans le neuf en zones B2 et C, ainsi qu’un assouplissement sur le CITE, qui doivent encore être précisées au cours de discussions dans les semaines à venir. Explications.

C’est "un accueil chaleureux" qui a été réservé au président de la République déambulant, vendredi 6 octobre, dans les allées du Palais des congrès de Paris, pour les "24 heures du bâtiment", organisées par la Fédération française du bâtiment. Pourtant, les inquiétudes des artisans et entrepreneurs du secteur étaient grandes depuis la présentation par le gouvernement de sa politique du logement. Et les annonces d’Emmanuel Macron – bien qu’évasives pour certaines – ont globalement satisfait.
Principal sujet de crispation, le prêt à taux zéro (PTZ), qui devait prochainement être réservé aux seules zones tendues, sera finalement maintenu en zones B2 et C. "Je vous ai entendus, et j’ai aussi entendu les maires ruraux qui nous alertés sur le fait que [la suppression de ce dispositif] pouvait chez eux freiner l’activité, et donner l’impression d’une fracture qui pouvait s’installer", fait valoir le président de la République, assurant que "la réconciliation des territoires est à [ses] yeux un élément très important". Il a donc demandé au gouvernement de "garder la philosophie d’ensemble de la réforme" (à savoir "dans le rural et le périphérique, mettre toute l’énergie et donc l’aide publique sur la rénovation et la réhabilitation"), et "qu’on puisse ouvrir très rapidement la semaine prochaine une concertation avec vous pour atterrir à un taux à 20 %" (de quotité de prêt finançable via un PTZ, contre 40 % actuellement). "Cela donne de la visibilité et montre aux territoires ruraux que la construction est importante chez eux", poursuit Emmanuel Macron. Plus tard dans la journée, le ministre de la Cohésion des territoires a précisé que cette annonce concernerait "pendant deux ans, le PTZ dans le neuf, en zones B2 et C".

Statu quo sur les APL

Autre concession du président, le crédit d’impôt pour la transition énergétique (CITE), dont devaient être exclus les travaux de changement de portes, fenêtres et volets. S’il faut "recentrer et se limiter au double vitrage à finalité thermique", Emmanuel Macron souhaite qu’il "n’y ait pas de rupture brutale du dispositif", mais "un accompagnement en sifflet" et "une discussion avec le secteur, pour mettre sur pied en 2018 quelque chose de plus intelligent". "Un arrêt brutal aurait pu être dévastateur", rappelle Jacques Chanut, président de la FFB, se félicitant de la réouverture de négociations sur ce point.
En revanche, pas d’avancée notable du gouvernement sur le champ du logement social, secteur avec lequel, selon Jacques Chanut, "le monde du bâtiment est solidaire". "Je souhaite l’apaisement et l’efficacité […] et je veux vraiment qu’une solution soit trouvée", a indiqué Emmanuel Macron, quelques jours après le congrès houleux de l’USH, à Strasbourg. Pas question pour autant de revenir sur l’ambition affichée : "Il faut qu’on change de logiciel dans le secteur du logement", dans lequel "on met de la dépense à tous les étages", a martelé le chef de l’Etat. Il affirme par ailleurs avoir "deux problèmes avec le monde HLM". D’une part, "il y a trop d’acteurs, près de 800, il faut donc qu’il y ait des regroupements". D’autre part, "il n’y a pas de bonne circulation du capital. Certains ont des trésors, […] mais ne construisent pas davantage […] et d’autres à côté n’ont pas du tout d’argent".

Une stratégie pour les centres-bourgs

En outre, Emmanuel Macron a rappelé, sur la question des normes, avoir "demandé une pause normative en termes de construction", dont "beaucoup ne sont pas atteignables ou respectables". Il entend également "s’attaquer au stock", notamment aux normes sismiques, "trop sévères dans certaines zones à faible enjeu", ou encore aux normes d’accessibilité. Il souhaite "remettre du bon sens" sur cette question pour parvenir à une obligation de "100 % de logements adaptables [et non plus adaptés]".
Enfin, il a évoqué la problématique des centres-bourgs, villes périphériques et petites villes, qui fera l’objet, "avant la fin de l’année", d’une stratégie dédiée. Défendant la suppression programmée de la taxe d’habitation, "mesure de justice territoriale" au bénéfice des petites villes et centres-bourgs, le président a évoqué "un plan de revitalisation des centres-bourgs pour l’artisanat et le commerce de proximité". Il souhaite "revitaliser le Fisac, instrument tombé en attrition, pour le mettre au service d’une stratégie avec les Communes, les Départements et les Régions".

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