d'a n°318
Un autre confort thermique est-il possible ?

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Pour que le froid soit plus chaud

 

L’appréciation de la température dans laquelle baigne notre corps est intimement corrélée à l’idée que l’on se fait du bien-être. Et ce, au point que nous pouvons difficilement imaginer que cette sensation ne soit pas consubstantielle à notre nature. Elle est pourtant le fruit d’une construction culturelle et sociale, comme le rappelle l’historien Olivier Jandot dans Les Délices du feu1. Les 20 °C qui en hiver nous paraissent être le minimum décent du confort étaient autrefois considérés comme désagréables, voire dangereux par mes médecins. Jandot évoque ainsi l’expérience de l’architecte François Cointeraux (1740-1830), le célèbre théoricien du pisé lyonnais qui, ayant porté la température de la chambre de ses enfants à 20 °C, les trouva fort incommodés. Des températures de 12 à 15 °C étaient alors considérées comme agréables dans les pièces à vivre, tandis que dans les autres une température de 8 °C était considérée comme normale. Notre appétence pour la chaleur est aussi liée à une croyance ancestrale – que les découvertes de Pasteur n’ont pas encore réussi à ébranler au XXIe siècle –, selon laquelle « on attrape froid ». Or, de même que l’on n’attrape pas le Covid-19 ou la grippe avec le froid, l’origine du rhume est uniquement due à un virus et jamais à un « coup de froid ».

La sensation de chaud ou froid est due à des facteurs bien plus complexes que la température de l’air, comme tente de le montrer avec constance l’architecte Philippe Rahm à travers ses expériences d’architecture par le confort thermique. L’injonction d’une répartition homogène de la température, de la maison au bureau, ne repose que sur une idée normative du confort, qui n’est nullement étayée par des études physiologiques ou anthropologiques. On se dit alors que, dans l’immense chantier de la lutte contre le réchauffement climatique, la première action concrète, une des plus économiques à mettre en œuvre dans nos contrées où la moyenne extérieure annuelle est d’environ 12 °C, serait de questionner notre phobie du froid ou, plus précisément, notre peur du « pas assez chaud ». Mais pour échapper à l’accusation de promouvoir une « écologie punitive », il faudra impérativement montrer que cette adaptation n’est pas une régression de notre cher confort, qu’elle ne relève pas d’un culte de l’ascétisme ou de la frugalité mais qu’elle est plutôt une quête d’adéquation plus harmonieuse avec notre environnement. Mieux connaître les mécanismes qui régissent nos sensations thermiques, découvrir leur complexité, c’est aussi mieux maîtriser notre rapport à notre environnement et reprendre la main sur les diktats consuméristes que nous ont sournoisement imposés certaines industries depuis plus d’un siècle.

Vous aurez compris que notre dossier estival est consacré au confort thermique. Nous l’avons abordé moins dans ses dimensions performancielles que dans sa complexité anthropologique et psychologique, avec l’envie de découvrir une architecture au plus près de nos sensations. Nous sommes allés voir des architectes qui, au sein de collectifs comme SlowHeat ou Zerm, expérimentent de nouvelles relations entre le corps et l’espace et nous préparent un hiver vif et joyeux.

Emmanuel Caille

 

1. Olivier Jandot, Les Délices du feu, L’homme, le chaud et le froid à l’époque moderne, Champ Vallon, 2017

 

 

SOMMAIRE :

MAGAZINE

5 > Le dessin de Martin Étienne

6 > Prix d’architectures 10+1 2024

12 > PARCOURS

Jean-François Madec, Appartenir à son temps

22 > PHOTOGRAPHIE

Nicolas Floc’h, paysages liquides

30 > RENCONTRE

Nous avons tout à apprendre de la campagne !

Rencontre avec Simon Teyssou, Arthur Bel et Jean-Philippe Vassal

38 > RAZZLE DAZZLE

Les Harari : anatomie d’une famille « archi-stique »

44 > QUESTION PRO

Quel avenir pour les concours d’architecture publique ? 1/5

48 > CONCOURS

Cité des imaginaires, grand musée Jules-Verne :

dialogue compétitif organisé par la métropole de Nantes

 

DOSSIER

UN AUTRE CONFORT THERMIQUE EST-IL POSSIBLE ?

58 > C’est pas Versailles, ici ! par Stéphane Berthier

62 > Le confort thermique hors DPE, par Pierre Chabard

66 > La Belgique n’est pas frileuse : SlowHeat, un programme

de recherche pour chauffer mieux les corps et moins les espaces,

par Stéphane Berthier

70 > N’attrapons plus froid : en finir avec l’une des plus anciennes

croyances, entretien avec Maël Lemoine, par Tarik Abd El Gaber

72 > Dialectique du confort, par Philippe Rahm, architecte EPFL

82 > Le chaud, le froid : lettre de Kyoto, par Héloïse Vaujour

 

RÉALISATIONS

84 > COMBAS

Maison de santé pluridisciplinaire, Charleval, Provence

92 > PHILIPPE MADEC & ASSOCIÉS

Cuvier, chai, halle de vendange du Château Cantenac Brown,

Gironde

100 > PROJECTILES

Musée du Débarquement, Arromanches-les-Bains

 

GUIDE

110 > D’A LAB

Terraformae, un laboratoire dédié à l’argile

115 > TECHNIQUES

La salle de bains serait-elle notre nouveau sanctuaire durable ?

Entre les pages 131 et 132,

le guide d’exposition Materials & Light 2024

133 > AGENDA

140 > QUÈZACO ?

Mais qu’est-ce donc ?

 

> Prochain numéro de d’architectures, n° 319, septembre 2024

 

En couverture : médiathèque d’Elliant (Finistère),

Jean-François Madec architecte © Simon Guesdon.

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