A Metz, un "bidonville d'Etat" géré par Adoma

"Bidonville d’Etat" ou "campement de la honte" ? Quel que soit le qualificatif retenu, l’ancien parking de bus de Blida, en lisière du centre historique de Metz, constitue un îlot de misère et d’insalubrité. Quelque 600 demandeurs d’asile, majoritairement originaires des Balkans, figurent sur les registres du campement, rouvert en avril dernier par la préfecture de Moselle, à défaut de meilleure solution.

Les pointages quotidiens font état de 300 personnes abritées sous des tentes. Depuis début juillet, médias et réseaux sociaux renvoient des images accablantes ; accusée de verrouiller l’accès du camp aux journalistes et aux bénévoles, la préfecture a proposé mi-juillet à la presse – dont Urbapress – de visiter le site de Blida ainsi que plusieurs bâtiments messins reconvertis en lieux d’hébergement. "Nous sommes confrontés à un afflux massif que nous ne pouvons pas anticiper. Nous avons enregistré 2 442 arrivées au cours du premier semestre, contre 1 276 personnes à la même période l’an dernier. Nous avons réussi à créer 600 hébergements supplémentaires en un an en réquisitionnant des hôtels ou en aménageant des bâtiments désaffectés, mais depuis mars dernier, nous ne pouvons plus faire face", explique Anoutchka Chabeau, directrice départementale de la cohésion sociale (DDCC) de Moselle. 

Membre du réseau Batigère, l’association Amli (Accompagnement, mieux-être et logement des isolés) gère 686 hébergements d’urgence répartis sur trois sites administratifs ou militaires messins. Ailleurs, d’anciens locaux de la DDE abritent 376 personnes. A Blida, enfin, la préfecture a demandé à Adoma, filiale de la SNI (groupe Caisse des dépôts) spécialisée dans l’insertion par le logement, de gérer le campement. Mi-juillet, la préfecture a engagé un réaménagement – sans extension – du centre, pour atténuer la Bérézina sanitaire. Elle lance, par ailleurs, une procédure expérimentale visant à mutualiser les hébergements d’urgence à l’échelle du Grand Est, tout en en appelant à la solidarité nationale. Mais l’ouverture de camps répondant aux critères du Haut commissariat aux réfugiés n’est pas à l’ordre du jour à Metz, pas plus qu’ailleurs, et la situation de Blida risque fort de s’éterniser.

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