En déplacement à Toulouse, lundi 11 septembre, Emmanuel Macron, accompagné de Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, a consacré la journée aux problématiques du logement d’urgence et du logement social. Après une matinée passée au sein du centre d’hébergement et de réinsertion sociale le Touril, à la rencontre de public en situation d’urgence et de travailleurs sociaux, Emmanuel Macron était attendu au Capitole par les acteurs sociaux locaux du logement pour une table ronde.
Les appels au 115 multiplié par deux en cinq ans
La quatrième ville de France n’a pas été choisie au hasard pour cette entrée en matière. Depuis trois ans, dans le cadre du Contrat de ville, Toulouse expérimente un partenariat avec les bailleurs sociaux. Il permet de mettre à disposition des immeubles et logements vacants pour les louer aux plus démunis. Une mesure qui facilite l’accès au logement des plus fragiles et aurait permis d’absorber 63 des 80 squats recensés dans la ville en 2014, selon la mairie.
"Mais ces initiatives ciblées (…) ne peuvent être durables sans un développement fort du logement social en général", a pointé Jean-Luc Moudenc le maire (LR) de Toulouse et président de France urbaine. L’élu a ainsi interpellé Emmanuel Macron à propos du décret du 5 mai 2017 qui remet en question l’objectif des 25 % de logements sociaux pour tous d’ici 2025. "J’espère que vous abrogerez ce décret qui sème la confusion et donne lieu à des applications divergentes d’une région à l’autre".
Les acteurs sociaux ont ensuite témoigné des différentes actions déjà opérationnelles à Toulouse en matière de logement d’urgence, mais aussi pointé une situation extrêmement tendue sur le territoire avec un nombre d’appels au 115 multiplié par deux en cinq ans. "Nous avons enregistré 10 000 personnes supplémentaires dans cette situation depuis le début de l’année 2017, essentiellement des familles et des familles monoparentales", a notamment relevé Bruno Garcia, le président du Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO) de Haute-Garonne, plaidant pour des dispositifs de sorties d’urgence. Christophe Robert, le délégué général de la fondation Abbé Pierre lui a emboité le pas, "plaidant pour une hausse de la production des logements très sociaux PLAI, des logements qui sont bien couverts par l’APL, le développement massif de l’offre de logements adaptés type pensions de famille et l’arrêt du robinet de l’exclusion"
40 000 PLAI par an
Des requêtes évidemment en phase avec les annonces présidentielles du jour. "Je souhaite que l’on change profondément de philosophie en matière de logements en construisant des logements très sociaux et plus de logements accompagnés, avec l’objectif de combattre le problème des gens qui restent très longtemps - parfois plusieurs années - dans des logements d’urgences", a annoncé Emmanuel Macron.
A cet effet, le plan "Logement d’abord" prévoit d’une part la production de 50 000 places de logements supplémentaires, dont 10 000 en pension de famille et 40 000 en intermédiation locative sur le quinquennat. D’autre part, l’augmentation de la production de logements très sociaux (PLAI) avec l’objectif de 40 000 logements par an (contre 10 000 aujourd’hui), dès l’année prochaine et chaque année jusqu’à la fin du quinquennat.
La mise en œuvre de ce plan accéléré se déploiera dans quinze territoires volontaires, dont Toulouse, dès début 2018, avant d‘être généralisé. Des objectifs accueillis avec le sourire par les bailleurs sociaux présents. "Un coup de pouce salutaire pour le logement très social", a salué Pascal Barbotin, le directeur général de Patrimoine SA Languedocienne. (BG)