Le ministère du Logement a été remplacé par un ministère de la Cohésion des territoires, dirigé par Richard Ferrand. Ce dernier sera à la fois en charge du Logement et de la Politique de la ville. La disparition du ministère du Logement a suscité de vives réactions (positives et négatives) de la part des professionnels du secteur. Morceaux choisis.
Les déçus ou sceptiques
"Déjà absent de la campagne présidentielle, le logement, premier poste des dépenses des ménages, est une préoccupation majeure de nos concitoyens. Or pour la première fois depuis de nombreuses années, le thème du logement est totalement absent dans les attributions gouvernementales. Nous déplorons ainsi l’absence d’un ministère voire d’un secrétariat d’Etat dédié au logement dans la composition de ce gouvernement et espérons vivement que cette erreur sera réparée après les élections législatives", a rapidement réagi Jean-François Buet, président de la Fnaim.
Apres les #Presidentielles2017, le #logement le grand oublié du gouvernement sans nomination de ministre
— UNPI France (@UNPI_FR) 17 mai 2017
Eric Allouche, directeur exécutif de ERA France, réseau d’agences immobilières, regrette également l’absence de ministère et même de secrétariat d’Etat dédié au logement. "Sur la forme, il s’agit là d’un signal démontrant que le logement n’est pas une priorité. Sur le fond, nous ignorons à ce jour les mesures qui seront prises. Nous attendons donc de savoir ce qui sera annoncé par le ou les ministères compétents dans ce domaine avant de nous prononcer".
Même son de cloche au sein de l’Unpi, fédération qui représente les propriétaires. "Après les présidentielles, le logement, grand oublié du gouvernement, est sans ministère", dénonce-t-elle sur le réseau social Twitter. La fédération s’était fait remarquer pendant la campagne en lançant une pétition pour dénoncer deux des mesures-phares d’Emmanuel Macron, alors candidat à l’élection présidentielle : la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des ménages et la transformation de l’ISF en impôt sur la "rente immobilière".
L’Union sociale pour l’habitat (USH) "déplore que le gouvernement tel qu’annoncé aujourd’hui ne place pas la question du logement et de la politique de la ville au coeur des priorités du nouvel exécutif". Pour Jean-Louis Dumont, président de l’USH, "malgré le signal négatif que constitue l’absence d’un ministère de plein exercice, le Mouvement HLM continuera, résolument, et au nom des 11 millions de locataires du parc social et de milliers d’accédants à la propriété, à agir sur le terrain et auprès des pouvoirs publics pour défendre le droit au logement pour tous".
#DAL# Ci-gît le ministère du Logement https://t.co/sbfmOnbJsW
— Droit Au Logement (@federationdal) 17 mai 2017
L’association Droit au logement (DAL) estime qu’Emmanuel Macron "a fait la peau au ministère du Logement" et dénonce cette décision "qui place les politiques du logement, la lutte contre la crise du logement et le logement cher, en marge des politiques publiques, et pourrait marquer une montée en puissance des milieux de l’immobilier". L’association s’inquiète de "l’avenir des politiques d’hébergement qui se pose également et pourraient échoir au ministère des Solidarités et de la Santé".
Les satisfaits
La Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) était favorable à la création d’un pôle immobilier au sein d’un grand ministère des Territoires. Et "même s’il n’est pas aussi exhaustif que nous le souhaitions, le rapprochement de la ville et du logement au sein d’une même entité nous semble aller dans le bon sens", indique Alexandra François- Cuxac, présidente de la FPI. "La dénomination de notre nouveau ministère de tutelle est à saluer car, à ce stade de la décentralisation, c’est bien de cohérence et de cohésion dont les territoires ont désormais besoin pour remplir leurs missions avec efficacité", poursuit-elle. "Nous tenons cependant à rappeler que, pour être efficiente, la politique du logement doit s’appuyer sur une vision intégrant l’écologie, les énergies, les transports et l’immobilier", souligne-t-elle. La Fédération espère donc "une équipe gouvernementale cohérente dans la durée, unie autour d’un projet pour la France, notamment celui de répondre aux besoins de logement dans un pays qui doit retrouver la confiance, l’envie de produire, l’ambition, l’esprit d’entreprendre, le sens du risque mais aussi la compréhension des enjeux d’un monde qui change".
ministère des territoires =⯑
— Al. François-Cuxac (@afcfpifrance) 17 mai 2017
les promoteurs fabriquent moins des logements que de la ville #logement #immobilier
Pour Pascale Poirot, présidente du Syndicat des aménageurs-lotisseurs (Snal), "il en va de la responsabilité du nouveau gouvernement de donner aux collectivités les moyens de sauvegarder leurs pôles d’attractivité et de réveiller leurs territoires. Nous félicitons notre nouveau ministre pour sa nomination et espérons qu’il aura à coeur de remettre l’aménagement sur le devant de la scène et de favoriser les opérations d’ensemble pour développer une offre suffisamment large et moins chère en phase avec les attentes des Français". Car, "à l’heure où notre nouveau Président souhaite encourager l’initiative privée, les aménageurs ont bon espoir que les collectivités seront plus nombreuses à solliciter leur savoir-faire en toute confiance et à multiplier les partenariats gagnant / gagnant dans le strict respect de l’intérêt des Français".
L’Unis, union des syndicats de l’immobilier, "salue la nomination de Richard Ferrand" et "apprécie d’ores et déjà les déclarations en faveur d’un soutien à la construction, de la simplification des normes, et rappelle également la nécessité de stabiliser la fiscalité ainsi que les dispositifs d’aide à l’accession et à l’investissement". (BP)