Banlieues : Macron livre sa vision, il faudra attendre juillet pour les actions

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Pas d’énième plan banlieue, une "stratégie aussi âgée que moi", qui ne fonctionne plus, selon Emmanuel Macron. A la place,  une "méthode", une vision même, et surtout, beaucoup de rendez-vous "en juillet".
Le 22 mai, le président de la République a présenté ses engagements pour les quartiers en difficulté devant près de 650 invités réunis dans la salle des fêtes de l’Elysée. Qu’il s’agisse de rénovation urbaine, de sécurité ou d’éducation, le président attend une "mobilisation collective et générale".

Qu’en est-il du plan Borloo, remis fin avril au Premier ministre ? Peu de références frontales dans le discours d’1h30 d’Emmanuel Macron. "Ça n’aurait aucun sens que deux mâles blancs, ne vivant pas dans ces quartiers, s’échangent l’un un rapport et l’autre disant, 'on m’a remis un plan, je l’ai découvert’. C’est pas vrai, ça ne marche plus comme ça", a-t-il avancé. Changement de paradigme donc. Très peu d’annonces nouvelles en matière de rénovation urbaine notamment – on retiendra le lancement de l’opération "Cœur de quartiers" ou la possibilité d’évaluer "l’équité territoriale" -, mais "des actions précises et mesurables", a assuré le chef de l’Etat, déclinées à partir d’une "politique d’émancipation", pour "que chacune et chacun retrouve sa dignité dans la République". 
Et pour "construire l’égalité des chances" et lutter contre "l’assignation à résidence", Emmanuel Macron entend "garantir les mêmes droits dans les quartiers, mais des droits réels", sans "politique de différenciation", et qui passera par la sécurité et la justice. Emmanuel attend, d’ailleurs, une collaboration intensifiée entre les maires et les préfets, dans la luttre contre le terrorisme ou le trafic de drogue. Des précisions sur ces sujets sont attendues en juillet. Son discours a également fait la part belle aux mesures relatives à l’emploi, l’éducation, ou encore l’accès à l’enseignement supérieur.
Sur la question de la rénovation urbaine, le président a reconnu les métropoles et les agglomérations comme étant le "niveau pertinent", et l’Anru comme instrument pivot. 

L’Anru, pas de refonte, mais des renforts

Pas de refonte de l’Agence nationale du renouvellement urbain, comme l’a proposé Jean-Louis Borloo dans son rapport. L’Anru a été "abîmée", a répété le président de la République. "Nous sommes responsables ; faute de crédits, les délais ont été rallongés", et les projets moins nombreux. "L’Etat a clarifié sa stratégie financière, nous avons reconstruit une visibilité sur l’Anru, avec l’USH ou encore Action Logement". D’ici juillet – encore -, des "priorités" doivent être "clairement définies" ; l’Etat, de son côté, "prendra des engagements budgétaires". Le président a également annoncé la création de l’opération "Cœur de quartiers", le "pendant" de "Cœur de ville". "On lance ça en juillet", avec un objectif : sortir les projets "dans les six mois". "Cette volonté affichée et cette confiance renouvelée en l’Anru va permettre d’accélérer le déploiement du NPNRU (…) afin d’avancer de façon concrète et rapide sur les constructions de logements et d’équipements publics, les démolitions, les réhabilitations prêtes à être mises en œuvre sur les territoires", a salué l’Agence.
En lien avec l’Anru, mais sans plus de détails, l’installation prochaine d’une Agence nationale des territoires a été confirmée ; soutenue, en outre, par un "opérateur financier" (financements publics – Etat et collectivités -, Caisse des dépôts, et des acteurs privés), pour agir notamment dans les territoires en mal d’équipements. Plus de précisions en juillet également. 

Equité territoriale
Logement, aménagement, lieu de vie. "Le niveau pertinent, c’est celui de la métropole et de l’agglomération", d’après le chef de l’Etat. "Le président de la République a souligné l’importance du rôle des métropoles, agglomérations et intercommunalités dans la relance de la politique de cohésion urbaine et sociale", se félicitent l’AdCF et France urbaine. En lançant "banco pour le pacte de Dijon, on fait, on y va !", Emmanuel Macron a conforté les initiatives des deux associations, qui restent "vigilantes quant au suivi d’actions concrètes et effectives liées aux engagements du pacte"
Cette "politique de droit réel" va pour "tous les territoires", du très urbain au très rural, a insisté le président de la République. "Arrêtons d’opposer les territoires entre eux", d’où "la création du ministère", a-t-il justifié. Dans cette optique justement, il a évoqué la possible création d’une "instance de recours sur l’équité territoriale". Dans le rapport Borloo, il est question d’une "Cour d’équité des territoires". Le président en appelle à une réflexion collective pour imaginer, d’ici juillet, un lieu de "débat de l’évaluation de l’équité territoriale au Parlement". Sorte d’"aiguillon salutaire et transparent de l’action du gouvernement, des élus locaux et de la société civile".
Rien sur les transports, pour "les annonces fortes", il faudra attendre… juillet.

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