La réalisation du chaînon fluvial manquant entre le Nord de l’Europe et la région capitale sera-t-elle confirmée par le nouveau pouvoir ? Dans les Hauts-de-France, la nomination d’Edouard Philippe au poste de Premier ministre est apparue à certains comme un mauvais signe : le maire (LR) du Havre, craignant pour le développement de sa ville et de son port, n’a jamais caché son hostilité à cette infrastructure, tout comme la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) (cf. UI 2022). Juste avant de céder la place, François Hollande avait, au contraire, déclaré que la réalisation du canal, attendue depuis des décennies, était "irréversible".
De fait, un accord a été trouvé fin 2016 pour couvrir les 4,5 Md€ de dépense que représentent ce projet : 1,8 Md€ pour l’Union européenne, 1 Md€ pour l’Etat, 0,7 Md€ d’emprunt et 1 Md€ des collectivités (dont 302,65 M€ des Hauts-de-France – une part en hausse - et 110 M€ de l’Ile-de-France). La Société du Canal Seine-Nord Europe a été créée en avril. Et après des mois de polémique, sa présidence a été attribuée au député PS de Maubeuge (Nord), Rémi Pauvros, l’homme qui a repris le dossier mal engagé au début de la décennie, et l’a remis sur de bons rails financiers. Sa candidature a été préférée à celle de Jean-Louis Borloo (UDI), défendue par l’exécutif des Hauts-de-France. Mais il reste une incertitude : s’il est réélu député en juin, Rémi Pauvros conservera-t-il cette présidence ? Quant à Gérald Darmanin (LR), nouveau ministre de l’Action et des comptes publics, il a déjà abandonné la vice-présidence de la Société du Canal, comme son mandat de vice-président de la Région des Hauts-de-France chargé des Transports. A noter également, au JO du 3 juin, il est mis fin, à sa demande, aux fonctions de membre et de président du directoire de la société de Marc Papinutti, "à sa demande". Il avait été nommé début mai.