Les Français se prononceront, dans quelques semaines, sur les candidat.e.s aux élections dans leurs communes. A Paris, les principales têtes de listes sont désormais connues, et leurs programmes dévoilés. Tour d’horizon des propositions en matière d’aménagement, d’espaces publics et d’habitat, des quatre principaux candidats selon les sondages.
Cédric Villani : construire des logements… ailleurs
Le candidat dissident de La République en marche porte une proposition simple : puisqu’il faut "stopper la bétonisation" de Paris et que "la densité d’habitants est trois fois plus faible" dans le reste de la métropole, il faut construire des logements de l’autre côté du périphérique. Cela permettra également, affirme son équipe, de construire moins cher qu’intra muros. Pour atteindre cet objectif, un "Conseil du nouveau Paris" verrait le jour, qui inclurait les maires d’arrondissements et des communes limitrophes, ainsi que des citoyens tirés au sort. Ce Conseil, qui traiterait de nombreux sujets, serait en outre "la préfiguration de l’élargissement administratif de Paris". La Ville de Paris co-financerait également des services publics au-delà du périphérique.
Cédric Villani souhaite revoir totalement le projet Bercy-Charenton (12e arrondissement), qui comprend six tours et "seulement 5 % d’espaces verts", et est "massivement rejeté par la population", avec laquelle le nouveau projet serait élaboré. Il faut également, estime le mathématicien, "multiplier par dix le rythme de rénovation énergétique dans les copropriétés", en créant une "agence parisienne du logement et de l’habitat".
En matière d’aménagement, le député de l’Essonne propose de créer des "quartiers apaisés à circulation réduite" sur le modèle des "superblocks de Barcelone". Seuls les résidents et les véhicules de livraison pourraient y circuler au pas. Les carrefours seraient ainsi transformés en places végétalisées – par les mairies d’arrondissements, prévient-on, et "en concertation avec les habitants". La petite ceinture serait transformée en "rocade cyclable et piétonne", le plan vélo 2015–2020, "achevé qu’à 40 %", serait terminé et un autre, métropolitain, serait lancé.
Anne Hidalgo : Des parcs… et des logements
Anne Hidalgo a déclaré sa candidature le 11 janvier dans une interview au Parisien-Aujourd’hui en France, dans laquelle elle a fait quelques premières annonces. Elle entend ainsi, par exemple, piétonniser le centre de Paris en limitant la circulation dans les quatre premiers arrondissements aux riverains, navettes électriques, taxis, véhicules d’urgence et de livraison. La maire (PS) sortante veut faire de Paris une "ville 100% vélo", en poursuivant la création de nouvelles pistes, en remplaçant des places de stationnement automobile. Deux grands parcs seraient créés, dans le 12e (quartier Bercy-Charenton) et le 15e arrondissements (en remplacement de l’héliport).
Après le réaménagement de sept places durant cette mandature, Anne Hidalgo compte s’attaquer à la transformation des portes de la capitale en places. La première d’entre elles serait la Porte de la Chapelle, pour en faire "une entrée dans Paris digne de la place des Invalides".
Anne Hidalgo souhaite porter à 25 % la part du logement social et intermédiaire d’ici 2025 (contre 22,6 % en 2020), en continuant à "construire", notamment via le projet Bercy-Charenton. A destination des classes moyennes, la maire sortante propose également de créer 30 000 logements avec des loyers inférieurs de 20 % aux prix du marché, en créant une foncière à capitaux publics et privés. Dotée de 6 Md€, celle-ci aurait une capacité financière de 20 Md€. L’accélération des rénovations énergétiques et la végétalisation des cours d’immeubles sont aussi au programme.
Benjamin Griveaux : exit la Gare de l’Est
Le projet de la liste Paris Ensemble, portée par Benjamin Griveaux et soutenue par le parti présidentiel, n’est pas totalement dévoilé. Parmi ses propositions, on retiendra pour l’instant celle faite le 26 janvier de déplacer la Gare de l’Est de l’autre côté du périphérique pour transformer le faisceau ferré en "Central Park". Mesure chiffrée à environ 1,5 M€ qu’il compte financer par du mécénat. Les critiques n’ont pas manqué de pleuvoir sur une idée née d’une "parfaite méconnaissance de la réalité des transports", constituant "un non-sens économique, une aberration pour des milliers de voyageurs" de l’Est de la région et du Grand Est, "ainsi qu’une vraie faute politique" (communiqué commun des exécutifs régionaux d’Ile-de-France et du Grand Est).
"Une opération d’une telle ampleur coûterait des milliards d’euros d’investissement. Elle nécessiterait entre dix et quinze ans pour être réalisée compte tenu des procédures, avec des travaux titanesques […]. Et on ne peut qu’être dubitatif face aux annonces de Benjamin Griveaux qui espère faire financer un tel projet pharaonique, qu’il estime à seulement 1,5 milliard d’euros, par du mécénat privé. […] A ce prix-là, pourquoi ne pas plutôt couvrir les voies ferrées et le périphérique avec de grands espaces verts ? Une idée moins coûteuse et moins hasardeuse…", insistent les présidents de régions (LR) Valérie Pécresse et Jean Rottner.
Parmi les autres propositions dévoilées : la création de rues-jardins dans chaque quartier, ou encore faire une pause dans l’autorisation de nouveaux travaux de voirie pendant six mois.
Rachida Dati : stop au logement social
Celle qui représente Les Républicains dans cette course liste une série de mesures sur son site de campagne, parmi lesquelles un moratoire sur la suppression des places de stationnement de véhicules, un plan piétons, ou encore "ne plus créer de logements sociaux tant que le parc existant ne répondra pas à des critères satisfaisants".